La guerre invisible des Émirats au Soudan
De Bossasso à Nyala, une stratégie régionale de déstabilisation
Loin des regards, à l’écart des grands titres, une guerre brutale fait rage au Soudan. Pourtant, derrière le fracas des armes et l’effondrement de l’État, une autre scène se joue : celle des corridors logistiques secrets, des cargaisons d’armes, des ambitions géopolitiques des Émirats arabes unis. En transformant la base aérienne de Bossasso, en Somalie, en véritable hub militaire, Abu Dhabi s’implique profondément dans un conflit dont les conséquences risquent de déborder bien au-delà de Khartoum. Voici l’histoire d’un soutien discret mais décisif, racontée dans ses ramifications stratégiques, militaires et politiques.
Un conflit oublié, une implication silencieuse
Depuis avril 2023, le Soudan sombre dans une guerre civile opposant l’armée régulière dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhan aux Forces de soutien rapide (RSF) dirigées par Mohamed Hamdan Dagalo, dit Hemedti. Si les combats ont fait plus de 12 000 morts et des millions de déplacés selon les Nations unies, les responsabilités internationales dans l’alimentation du conflit restent largement occultées.
Parmi les acteurs extérieurs les plus influents : les Émirats arabes unis. Loin de leur image de centre financier moderne et de destination touristique, les EAU déploient depuis plusieurs années une stratégie d’influence militaire et économique en Afrique, dont le Soudan est devenu un pivot. En particulier, leur rôle dans la transformation de la base de Bossasso en Somalie en centre logistique pour la RSF soulève de sérieuses questions. Pour rappel, les Emirats ont usés et abusés des éléments des RSF lors de la guerre au Yémen. Ils ont aussi joué un rôle prépondérant dans le jeu émirati en Libye.
Bossasso, du port commercial au bastion militaire émirati
Située au nord-est de la Somalie, la ville portuaire de Bossasso est longtemps restée une plaque tournante de commerce régional, y compris informel. En 2017, un accord entre le gouvernement du Puntland et la société DP World (émiratie) a permis à cette dernière de prendre en charge la gestion et l’extension du port. Parallèlement, une piste d’atterrissage a été militarisée, permettant l’accueil d’avions cargos Antonov ou Iliouchine, transportant du matériel à usage dual.
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